PASCAL VINARDEL : SON MYSTÉRIEUX UNIVERS

La Revue Des Deux Mondes

Le peintre Pascal Vinardel expose ses œuvres récentes à la galerie Francis Barlier, 36 rue de Penthièvre, Paris 8ème (M° Saint-Philippe-du-Roule), du 15 octobre 2015 au 15 janvier 2016. Sa peinture est figurative, mystérieuse et chaudement colorée.

Ce sont des villes souvent vues de plongée, brossées par une lumière rasante. Places avec arcades ou statues, rues en pente qui mènent vers la mer. Des églises ou des campaniles ponctuent un horizon gris-bleu, méditerranéen. Est-ce Naples, Barcelone, Buenos Aires, Lisbonne, Alger ?

Né à Casablanca en 1951, Vinardel ne renie pas cette influence du Sud. Simplement, il précise qu’aucune de ses villes n’est identifiable — sauf Rome, nommément citée. L’avenue du Centre, à midi (2015), une huile sur bois tout en longueur, plonge sur une place, quelques arbres, un obélisque, érection blanche, la perspective d’un port. Il y a du Chirico dans l’alignement énigmatique des façades, avec ces ombres allongées. Des traces de Hopper dans cette fascination pour les fenêtres, aux stores ouverts ou fermés, comme avec La terrasse (2015), qui invitent le regard à pénétrer.

Ce sont des intérieurs aux fenêtres ouvertes sur la lumière. Les rideaux se gonflent comme dans le palazzo sicilien du Guépard de Visconti. Dans ces grands formats, l’agencement du mobilier, la présence de tableaux, de statues et de miroirs appelle au questionnement. Qui est le personnage devant la fenêtre grande ouverte dans L’héritier (2014) ? De quoi L’inventaire (2014) est-il le nom ? Le Sphinx (2014/2015) met en scène un homme, assis à une table sur une estrade, une femme assise devant lui, une statue de sphinx derrière elle. Quelle est leur conversation ?

Baignée de lumière, la peinture énigmatique de Vinardel appelle à la contemplation lente, au déchiffrage patient, à fouiller dans ce que Jean Clair appelle « ce dépôt dans l’épaisseur du temps ».

Jean-Pierre Naugrette