LES TERRES BRÛLÉES

La maison est restée longtemps fermée.
Dans cette rue de faubourg déjà ancien qui avait petit à petit rongé les terres pauvres dont elle portait —disait-on—le nom, elle offrait pour le passant l’énigme de ses persiennes closes et de sa longue terrasse balayée de poussière.
On prétendait également qu’elle était ainsi nommée du nom de ces contrées de l’autre côté de la mer et dont les mirages avaient happé tant de destinées.
Et puis la maison fut réouverte et le soleil blessa de nouveau la pénombre de ses salons endormis. C’est alors que, parmi les horloges arrêtées, remonta d’un temps que l’on croyait avoir oublié, le parfum des journées heureuses.
A l’orée de deux grandes fenêtres ouvertes sur la ville, une table était encore dressée pour un repas de faïence et de ciel.

Pascal Vinardel

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